Dans le grand mouvement de colonisation qui, du milieu du XIIe siècle jusqu'au milieu du XIIIe siècle, transforma de fond en comble la structure sociale et économique de l'Europe centrale sur ses confins orientaux, colonisation urbaine et colonisation rurale s'opérèrent d'habitude en étroite connexion. La seconde, cependant, peut revendiquer une certaine autonomie. Alors, en effet, que toute coloniration rurale s'accompagne invariablement d'une colonisation urbaine, on voit des villes se fonder, la civilisation urbaine pénétrer dans des contrées où il ne se crée point de nouveaux villages ni de nouveaux terroirs : tel est le cas dans bien des régions de la Bohême, de la Pologne, de la Poméranie. En outre, la colonisation rurale n'a pas été exclusivement l'œuvre d'éléments allemands ; au fur et à mesure que le processus s'étendait, on établissait sur le sol vierge des colons slaves, selon les méthodes mêmes que les Allemands avaient apportées dans le pays.